Le Muscadet vu par Voiles &Voiliers

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Cet article est paru dans le magazine Voiles & Voiliers, si le numéro ainsi que l'auteur de cet article n'aparaissent pas, c'est tout simplement parce que je n'ai plus l'exemplaire en question, si une personne peut me les communiquer, je m'empresserais de rendre un pére a cet article.

Du fond du carré monte un grand cri "J'ai gagné !". Thomas vient de battre sa grande sœur au jeu des Sept Familles, malgré la gentille gîte du Muscadet familial. Dehors, en revanche, Pierre-Yves semble moins heureux: "Ton bateau, il est joli, papa, déclare le petit garçon. Mais j'aime pas quand il penche. "
Pierre-Yves n'a que quatre ans et, de toute la famille, il est manifestement celui qui a le moins le pied marin. "Ça viendra un jour", glisse Daniel Laroy, confiant, à la barre de son plan Harlé qui avale ses 7 bons nœuds au débridé en sortant de la rade de Brest.
Le grand moustachu, fier propriétaire de Brasil, Muscadet de vingt-deux ans, a ainsi transformé ce petit croiseur en catalyseur des amours nautiques de Sa famille.

Chaque été, Daniel et sa femme embarquent les trois enfants pour quelques jours de navigation le long des côtes du Finistère. Pas besoin d'aller loin pour se faire plaisir. Tirer des bords en rade de Brest, rejoindre Douarnenez ou remonter la rivière de Châteaulin autant de buts de croisière qui satisfont l'équipage, une fois la belle saison revenue. "Quand, dans un port, les autres plaisanciers à couple nous voient sortir tous les cinq du Muscadet, ils nous prennent pour des fous !" sourit Marie Claude.
Les Laroy n'ont pas, pour l'heure, de velléités de croisière hauturière ; ils veulent juste goûter le bonheur simple d'être sur l'eau et enseigner à leurs enfants les plaisirs de la voile. D'ailleurs, à neuf ans, Thomas sait déjà remplacer le génois léger par l'inter et Mathilde, du haut de ses douze printemps, se révèle une barreuse sûre.

L'intérêt du Muscadet, aux yeux de son propriétaire, est de permettre la croisière familiale en toute sécurité, moyennant quelques consignes de sécurité, d'ailleurs fort bien comprises par les enfants. Un bateau sain, parfaitement entretenu, facile à manœuvrer tout en restant amusant à barrer et à vivre. Voilà ce qui a motivé Daniel Laroy à se porter acquéreur de Brasil. En 1963, Eric Tabarly n'avait pas encore gagné de Transat, la Plaisance française s'essayait tout juste à la démocratisation et les plus hardis partaient "faire les Glénans".
Jeune architecte naval, Philippe Harlé portait pourtant sur les fonds baptismaux un étrange bateau: le Muscadet (voir "Les trentes ans du Muscadet", Voiles et Voiliers n° 269, juillet 1993)Sa philosophie tenait en trois mots clés : simplicité, rapidité, économie. Simplicité des formes avec ce brion arrondi, cette ligne de coque tendue et un arrière coupé à la serpe simplicité de construction et d'entretien grâce au contreplaqué -un matériau qui constituait un véritable pari pour le chantier Aubin, qui l'employait pour la première fois sur un voilier de cette taille.
Un voilier sympathique et capable d'en remontrer aux grands, en course. La vélocité sur l'eau du Muscadet a vite été reconnue : raide à la toile, aussi à l'aise au près qu'au débridé, le Muscadet a, en régate, souvent fait tourner en bourrique des bateaux bien plus grands. Stabilité de route, maniabilité et robustesse étaient également à mettre au crédit du plan Harlé. D'ailleurs, aux mains de marins expérimentés, il a traversé de nombreuses fois l'Atlantique Etienne Grenapin vers les Bermudes et Daniel Gilard vers Tenre-Neuve - ce dernier terminant troisième de la Mini-Transat 1979, entre deux autres Muscadet, celui de Jean-Luc Van Den Heede, deuxième, et de Philippe Harlé lui-même, quatrième.
L'association Harlé-Aubin, Si fructueuse en terme de voiliers sympathiques, a aussi permis de rendre le Muscadet économique. Lors de sa sortie, il coûtait 9 500 francs - un rapport qualité/prix épatant. Mais, en 1976, un comparatif entre six voiliers de six mètres (Voiles et Voiliers numéro 71), révélait qu'il fallait débourser 41 700 francs pour en faire l'acquisition : le Muscadet, le plus ancien des bateaux essayés (et toujours le plus véloce !), était aussi le plus cher. Ce prix élevé, à quelques mois seulement de l'arrêt de sa fabrication, a sans doute entériné sa fin...
Aujourd'hui, les occasions ne sont pas très nombreuses malgré le millier d'unités fabriquées, compte tenu des constructions amateurs et de celles du chantier italien Santini. Et il faut compter entre 25 et 30 000 francs pour un voilier en bon état.
Daniel Laroy a acheté Brasil voici sept ans. Il s'appelait alors P 'tit Mousse et naviguait au départ de Carantec. Sa première navigation importante avec Daniel comme skipper - son sixième propriétaire, consista à se rendre à Brest. "C'est à ce moment là, en mer, raconte-t-il, que j'ai vraiment pu apprécier ce bateau, avec son étrave mutine, ses flancs à bouchains, ses angles de cockpit bien vifs, son

winch
Les trois winches MG tiennent encore le coup et ne réclament qu'un graissage annuel
Les coinceurs gélinox au nombre de cinq, remplissent toujours leur rôle
Tout comme les deux chaumards, certes fatigués, mais encore vaillant!
davier
Le davier et le bas étai, piqué d'un peu d'oxydation sont toujours parfaitement opérationnels.


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