Le numéro 339 de la série s'avère une occasion idéale. Ce bateau vivant, agréable et performant est, de plus, doté de quatre couchettes : une pointe avant pour les enfants et deux vraies bannettes pour les parents. Ce n'est qu'avec l'arrivée de Pierre-Yves que le Muscadet s'est révélé un peu petit Daniel a dû se résoudre à dormir au fond du carré, à même le plancher. Cela dit, équipé d'un réchaud, d'une vraie table à cartes et de toilettes (peu pratiques, il est vrai), Brasil dispose de tout le confort moderne. Peu de voiliers actuels offrent des prestations similaires pour un prix aussi modique ! Car un Muscadet d'occasion reste d'un rapport qualité/prix étonnant. Ce qui tombait plutôt bien le précédent voilier de Daniel Laroy était un Vaurien.
Pas question de revente, donc, pour alimenter l'acquisition d'un voilier plus grand. Il n'empêche. Le pas à franchir entre le Vaurien et le Muscadet est plus grand qu'il n'y paraît.Le skipper de Brasil n'est pas du genre à être tombé dedans quand il était petit. La voile, il l'a découverte à douze ans, lors de camps d'adolescents en baie de Quiberon On y découvrait alors les joies du Vaurien, de la Caravelle et du 420. Et les plaisirs de la mixité. L'école de la vie s'est déroulée sans interruption jusqu'à dix-huit ans. Reprise de la navigation, à vingt-cinq ans cette fois, avec l'irruption de la planche à voile et des cours de voile du soir d'un club nantais, suivis pendant les années de fac. Au tableau noir, les descriptions de la navigation dans les courants ou de la tenue d'une estime précédaient -pas assez fréquemment - les vrais bords sur le tableau géant d'un week-end ou d'un stage en mer.
Au sortir des études, peu argenté, Daniel s'offre un Vaurien, version "ronds dans l'eau". Jusqu'à l'engrenage inéluctable de la famille qui grandit et qui s'ennuie devant les cercles trop petits. Sur les conseils d'amis navigateurs, Daniel Laroy s'oriente vers le Muscadet.Coloré de bleu clair et rayé de la traditionnelle bande, jaune canari en l'occurrence, son bateau, acheté en 1986, lui a coûté 28 000 francs. Un peu cher, mais Daniel n'est pas du genre à marchander un rêve. Muni d'un jeu de voiles complet, dénué de tout vice apparent et ne faisant pas une goutte d'eau, le numéro 339 de la série s'avère être l'occasion idéale. Seul "loup" de cet achat en sixième main : un hors-bord hors d'âge. Si Daniel avoue être assez familier du bois, la mécanique n'est pas son fort peu de temps après, le moteur a donc été changé pour un Yamaha quatre chevaux. Sept ans plus tard, Brasil a plus que jamais du panache. Repeint en blanc ("Un bateau, c'est blanc", affirme le skipper) et ceint d'une bande marine, le Muscadet, pimpant, ressemble fort à ce qu'il devait être lors de sa sortie de chantier, en 1971. >Sur le pont, seules concessions à la modernité, les rails de génois neufs, munis d'avale-tout Amiot, posés par le skipper voilà peu de temps. Le reste est d'époque : les trois winches MG, les cinq coinceurs Gélinox, les espars Ermat en aluminium, les deux tangons en bois, jusqu'aux voiles Tonnerre (grand-voile Le Rose mise à part, sans doute la deuxième du voilier). De ce jeu de voiles - génois léger, inter, foc n0 1, tourmentin et spi -consciencieusement entretenu, seuls le léger, dont la forme s'est avachie, et le spi, récemment déchiré lors d'un envoi sauvage dans 25 nœuds de vent, accusent le poids des ans. Sur les autres, quelques points de rouille, traces de ragage et coutures refaites, trahissent leurs vingt ans bien tassés Le gréement courant est régulièrement changé et le dormant vénfié.
